Un peu dans le gaz ce matin, pas franchement l'œil alerte, au volant de ma batmobile je me rends au boulot. La circulation est très dense, je fends la brume, l'autoradio lit les même mp3 depuis bientôt un mois. Par flemme de changer de cd je commence à la longue à être incollable sur presque tout les titres.

Soudain une question traverse mon esprit vaporeux : quelle chanson j'aimerais bien que l'on diffuse lors de mon enterrement ? En voila une question qu'elle est bonne ! Me demandez pas pourquoi j'en arrive à penser à cela . Sans trop réfléchir "je t'en remets au vent" met vient à l'esprit, une chanson de H.F Thiefaine.

D'avoir voulu vivre avec moi
T'as gâché deux ans de ta vie
Deux ans suspendus à ta croix
A veiller sur mes insomnies
Pourtant toi tu as tout donné
Et tout le meilleur de toi-même
A moi qui ai tout su garder
Toujours replié sur moi-même

Mon pauvre amour, sois plus heureuse maintenant
Mon pauvre amour, je t'en remets au vent

Pourquoi ? Aucune idée ! Le texte, la sonorité, la symbolique, la sobriété musicale font que j'adore. Cependant je ne suis pas persuadé que cela soit une chanson particulièrement "funeral-friendly". Mais c'est tout de même mieux que "la bite à Dudule" ou "le petit bonhomme en mousse". Et puis bah merde je suis mort, alors bordel exécutez mes dernières volontés. Apres vous serez libre de répandre votre bile et de pisser sur ma tombe. Je vois d'ici la foule s'interroger du pourquoi du comment d'une pareille chanson, se demandant s'il y a un message caché derrière. Mon coté mystérieux perdurera et j'emporterais mes secrets dans la tombe. Pfff la gueule des secrets !

Une des scènes du film "3 couleurs : blanc " issu de la trilogie de Krzysztof Kieslowski montre le stratagème d'un homme mettant en scène sa mort. Ce brave monsieur se permettra même le luxe d'être présent à son propre enterrement. C'est en pensant à ce film que le délire un brin maso de pouvoir assister à mes funérailles a envahi mon esprit. Voir qui sera présent sur les bancs de l'église, qu'est-ce qu'on dira de moi, qui déposera une larme, qui fondera en sanglots, comment le prêtre brodera autour de ma vie disant que j'étais un mec formidable et profondément bon (ou pas). Le plus jubilatoire sera d'entendre les ragots , les moqueries à demi voix, les bruits de couloir et découvrir la véritable vision des autres autour de ma personne.

Si demain je me pète la gueule en trébuchant sur une lampe à huile et qu'un génie en sort, je lui en toucherais un mot afin de savoir si mon projet est dans ses cordes. Le potentiel des génies à fortement régressé ces dernières années, il ne faut plus trop leur en demander. Hé oui ma brave dame de mon temps c'était pas comme ça ! Le monde évolue, les génies, même eux ne sont pas en reste.