Blogue à part

J'appréhende toujours un peu le lundi matin. Parce que d'une part c'est juste après le dimanche. Non ? Sans blague ? T'es trop fort mec ! Sherlock Holmes recrute, tu devrais postuler mon gars, ta sagacité et ta perspicacité feront merveille !

J'arrive le lundi matin généralement déphasé, l'œil vitreux et le regard inerte et la motivation en berne.

Si des incidents ce sont produits lors du we (attaque suicide de la secte des adorateurs de l'oignon, invasion de lémuriens, coulée de lave, ou tout simplement une bête panne …) on/je récolte de suite à la volée les raisons de la colère. Arbeit Arbeit ! Je me démène pour que tout rentre dans l'ordre le plus rapidement possible afin de causer un minimum de désagréments et d'indisponibilité. La tension est à son paroxysme quand je suis seul sur le pont, à cavaler à gauche à droite. Dans ces moments faut pas me faire chier, tolérance à l'humour proche de zéro, irascible, une vraie teigne quoi. Un putain de roquet prêt à mordre !

A première vue ce lundi semblait relativement calme, trop calme, un peu comme dans les western avant le duel à coup de flingues. Faute d'avoir été suffisamment consciencieux, la semaine a de suite commencée sur les chapeaux de roues. Le petit nerveux stressé qui sommeille en moi c'est dévoilé ! A l'instar de l'incroyable Hulk je suis devenu tout vert et j'ai timidement déboutonné le haut de ma chemise. Face à moult problèmes j'ai failli transpirer à grosses gouttes et faire la tronche des mauvais jours. Mais non ! Je me suis sorti les doigts du cul et j'ai non sans mal réussi tout seul à remettre la locomotive sur les rails en dégottant des solutions de derrière les fagots. Certes, pas de la plus belle des manières, sans grâce et avec une finesse de mammouth. Mais l'essentiel est atteint. Je fignolerais tout cela lors de moments plus propices.

Je suis faible ! L'entrevue annuelle tant attendue avec mon responsable direct s'est au final soldé par un échange de banalités sur un fond de discours policés et quelque peu convenu. La montagne a accouché d'une souris. Pourtant je me voyais déjà en haut de l'affiche, à crier à qui veut l'entendre que tout va mal, que je lutte chaque jour pour ne pas me foutre en l'air, que je n'ai goût à rien, que mon boulot me fait chier et que j'emmerde la terre entière. Ca c'est ce que j'aurais secrètement aimé mettre sur le tapis. En réalité j'ai expliqué que tout allait globalement bien et que je me sentais à l'aise à mon poste, au sein d'une équipe merveilleuse qui me fait des bisous partout. (une info erronée c'est glissée dans cette phrase, sauras-tu la retrouver ?). Quand mon chef m'a annoncé ma notation fort élogieuse bah là du coup j'ai même plus osé ouvrir ma gueule en disant que j'allais tout pèter, laissant mon fantasme de révolution de coté ! J'ai fait le mec limite blasé, style "bah oui j'ai 5/5 c'est normal, je le mérite, je suis hyper pro !". J'étais épaté ! Wow ! Malzeltov ! Soit je me sous-estime (c'est fort peu probable), soit mon chef s'imagine que je maîtrise mon sujet et que j'assure comme un dieu dans ma fonction (au lit aussi !). Pourvu que ça dure comme disait l'autre !

De nouveaux objectifs m'ont été assignés, de quoi me motiver facilement pour les prochains ... 15 jours. Et encore ...

Tu t'ennuies sec en réunion ? Tu en as marre d'être un pion insignifiant sur l'échiquier mondial ? Les heures te paraissent interminables, le temps semble s'être arrêté ? Warterloo morne plaine ? Alors fait comme nous, joue au bingo des réunions.

Pré-requis :
- une réunion de service ou une grand messe d'un big boss lambda
- papier & stylo
- une liste d'une dizaine de mots bien choisis
- un zeste de bonne humeur, un soupçon d'attention et roulez jeunesse !

Mes collègues et moi même avons dressé une liste de mots susceptibles d'être prononcés lors de la réunion. Dès que 12 des 15 mots proposés ont été énoncés par le ou les orateurs il ne te reste plus qu'à hurler "BINGO". Après ton éphémère moment de gloire et de liesse collective tu pourras passer à la compta récupérer ton solde de tout compte.

Toute la subtilité du bingo réside dans le fait de choisir des mots ni trop communs ni trop alambiqués, ni issus d'un jargon technique élitiste. Par exemple les mots "autocuiseur" ou "langouste" ont très peu de chance d'être prononcé lors d'une conférence en pétrochimie ou lors du séminaire annuel des opticiens-lunetiers .

Notre liste du jour était la suivante : rugby – rentrée – adéquation – promotion (héhé) – réactivité – amplitude – complémentarité – développement durable (n'importe quoi !)- climatisation – référentiel – mentalité – intégration – accueil – évaluation – cerveau (mon préféré)

Qu'est-ce qu'on s'amuse dans ma boite ! Ca donne envie hein ?

Rien de tel qu'un grand coup d'épée dans l'eau afin de commencer la semaine en beauté ! Mon grand dessein d'arriver frais et dispo mais surtout motivé pour la "rentrée des classes" s' est étiolé. Pourtant l'envie était là, j'avais mis le réveil aux aurores et chose rare je me suis levé du premier coup sans même rouspéter ni même tenter de lâchement rester sous la couette en me disant qu'il est bien trop tot pour travailler. La fleur au fusil j'arrive, je débarque, presque heureux de revoir mes collègues, impatient de leur raconter ma vie de folie ! Mais résultat des courses : mon autonomie de motivation a duré environ 2h, pause café comprise !

La bonne nouvelle, la seule d'ailleurs c'est que j'ai eu droit à un nouveau téléphone fixe, youpiiiiii ! Mon ego de gros blaireau matérialiste est comblé ! A moi les fonctionnalités saugrenues ! Au moins à présent je saurais qui m'appelle. A défaut d'une gratification sonnante et trébuchante mon nouveau joujou est déjà un peu en soit une promotion. Manque plus que le fauteuil en cuir, le ficus, la secrétaire sous le bureau et j'aurais toute la panoplie du parfait patron ! C'est quand même beau l'auto persuasion.

Blague à part, dans ma boite je ne suis absolument pas expansif sur ma vie privée. Tant que l'exécuteur des basses œuvres n'a pas sorti son fer à souder je ne dévoile pas de scoops, même moyennement croustillants. Pour les anecdotes cocasses, les excès en tous genres faudra repasser. Pour l'instant je côtoie des collègues qui ne sont pas (encore) transformés en amis. Le temps fera son oeuvre je l'espère sincèrement. Par moments je regrette la folle ambiance de l'open space de chez B.T. Ralalaaaa toute ma folle jeunesse. C'était le bon vieux temps ! On étaient novices, beaux et insouciants !